Un article de presse qui résume assez bien la situation, même si l’approche volume peut laisser pour compte le prix et la charge de travail des agriculteurs.
Après 31 ans d’existence, le régime des quotas laitiers dans l’Union européenne est définitivement enterré ce mercredi. Il s’agissait de l’un des derniers outils de régulation sur les marchés.
Les quotas laitiers ont été mis en place en 1984 pour diminuer les excédents de production du continent européen en contingentant pays par pays les volumes de lait à produire. Cet outil n’est plus adapté à la réalité du marché. Aujourd’hui, la demande mondiale est repartie à la hausse, dopée par les pays émergents, notamment avec une demande chinoise en pleine expansion.
● Qu’est-ce que ce qui change?
À compter de ce mercredi 1er avril, les agriculteurs européens peuvent produire les quantités de produits laitiers qu’ils veulent. Pour rappel, la France était autorisée l’an passé à produire 26 milliards de litres de lait. Le système des quotas prévoyait alors des amendes pour ceux qui dépassaient les volumes fixés.
● Qu’est-ce que ça va changer pour les agriculteurs?
En théorie, les quelque 65.000 éleveurs laitiers que compte l’Hexagone pourront produire autant de lait qu’ils le souhaiteront. En pratique, cela leur sera beaucoup plus difficile. Depuis 2010, les agriculteurs sont liés avec leur laiterie par un contrat qui fixe les volumes à produire avec une part d’incertitude sur les prix du lait qui leur seront payés. Car ces prix dépendent désormais de l’évolution des cours de marchés internationaux, très volatils. Les contrats devront être renégociés dès cette année, une première depuis leur création.
Face à ces incertitudes, le monde agricole est partagé. Certains producteurs voient dans la fin des quotas plus une menace qu’une opportunité. Ils estiment que l’on est passé d’une gestion administrative à une gestion privée aux mains des industriels. À l’inverse, les éleveurs laitiers situés dans les bassins de production français comme l’Ouest sont dans les starting-blocks. Ils sont prêts à augmenter leurs volumes. Beaucoup ont investi dans des outils de traite plus performants, acheté des races de vaches plus productrices et adapté leur surface agricole à cette échéance.
● Qu’est-ce que ça va changer pour les industriels?
La France compte de nombreux champions des produits laitiers parmi lesquels Lactalis, Sodiaal, Danone ou encore Bongrain. Pour eux, la fin des quotas va renforcer la concurrence venue d’Europe et d’ailleurs. Sur le Vieux Continent, les géants s’appellent Friesland Campina (Pays-Bas), Arla (Danemark) ou encore Deutsches Milchkontor (Allemagne). Ils exportent de plus en plus vers les pays de l’Union européenne mais pas seulement. Ils lorgnent à l’export vers les pays émergents dont la demande de produits laitiers ne cesse de croître, dopée par les classes moyennes. Les industriels français qui jouissent d’une bonne image à l’étranger sont convaincus de détenir de nombreux atouts parmi lesquels la qualité, la variété et la technicité de leur offre, des yaourts aux fromages en passant par les poudres de lait infantile.
● Qu’est-ce que ça va changer pour les consommateur
s?
Pour les consommateurs, cela ne devrait pas changer grand chose. Ils sont déjà fortement encouragés par les acteurs comme Lactel ou Candia à acheter du lait «made in France». Côté prix, les Français payent déjà l’un des prix du litre de lait les plus bas d’Europe grâce à un circuit de distribution qui joue sur les volumes pour négocier un tarif le plus compétitif possible. Certains distributeurs, notamment issus du hard discount, s’approvisionnent déjà sur le marché européen pour payer moins cher. Ce qui bénéficie aux consommateurs même si la qualité des produits (qu’il s’agisse de lait UHT, d’emmental ou de crèmes dessert) n’est souvent pas comparable.
source : le Figaro http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2015/04/01/20002-20150401ARTFIG00008-ce-que-va-changer-la-fin-des-quotas-laitiers-en-europe.php