Les moissons approchent, signe d’une période estivale qui pourtant peine à démarrer. Un peu comme si la nature se plaisait à envenimer la situation…
Serait-ce le bon moment pour faire un point sur nos engagements vis-à-vis de OPLGO ? Depuis un an, cessibilité des contrats aidant, 1000 producteurs nous ont rejoints ; il est vrai que nous n’avons pas ménagé notre peine pour mettre en valeur un outil européen donnant la possibilité aux producteurs de lait de s’organiser : les OP sont un outil perfectible, elles existent, et nous avons eu l’intelligence collective de nous les approprier. L’avenir est dans le collectif, voilà une valeur de OPLGO que nous ne pouvons oublier et ce toujours en partenariat avec l’entreprise. Nous ne vivons pas dans l’idéologie, mais dans l’économie de notre filière, acteurs de notre avenir, pionniers d’un nouveau système !
Le chemin est certes semé d’embûches mais le challenge en vaut la peine. C’est une des raisons qui nous ont amené, à OPLGO, à travailler sur des textes législatifs. L’interdiction de la cessibilité prévue dans la Loi Sapin II en février 2016 pouvait annoncer la fin de OPLGO : nous aurions pu nous résigner, ou nous suffire de la gestion administrative d’une croissance fulgurante de l’OP, estimer que nous avions raison et oublier voire bouder notre environnement socio-économique, nous enfermer dans le carcan de la négociation (peu fructueuse) avec l’entreprise. Au lieu de cela, nous nous sommes plongés dans un univers inconnu de la plupart d’entre nous, de préparations en argumentations, de rencontres officieuses en rendez-vous officiels , OPLGO a démontré son fonctionnement atypique : oui nos avancées profitent à tous, oui nous avons parfois été déçus de certaines annonces : mais une chose que nous avons constaté par nous-mêmes : la loi Sapin II, articles 30 et 31, c’est bien plus que la cessibilité des contrats : c’est l’avenir des OP et des AOP rien de moins, c’est l’articulation de notre filière, une filière qui se restructure, alors soyons fiers d’y contribuer car c’est notre essence, c’est la route vers la liberté pour toute une profession.
Cependant, si nous oublions un seul instant l’approche collective qui nous a conduit à la création de OPLGO, si au nom de la liberté individuelle, nous refusons toute organisation du maillon production, les entreprises dont l’avenir est certainement moins sombre que le nôtre, auront la part belle de la division. Au final, l’important dans une OP n’est pas tant son effectif que sa capacité à protéger ses valeurs et défendre ses convictions. Un contrat cadre bien négocié vaut certainement mieux qu’un contrat individuel non respecté !
Nous sommes dans un tournant de la filière, les responsables n’ont pas su à l’époque préparer la France laitière à l’après-quotas, peut être plus préoccupés par leur fauteuil doré que par des lendemains à construire. Mais nous y sommes, et ceux qui soupçonnent les OP et AOP d’être un frein sont sans doute bloqués dans des logiques passéistes ! Les OP sont des organisations économiques qui ne pourront vivre qu’avec une vision de la production en adéquation avec un marché qui n’est rien sans des consommateurs… Imaginer qu’il suffit de penser en chef d’entreprise pour être libre de ses choix au cœur d’un marché alimentaire mondial est une hérésie ; en tout cas, ceux qui le pensent doivent être malheureux s’ils ont fait le choix (ou la bêtise) d’adhérer à une OP ayant des convictions et des orientations basées sur le Collectif.
Ces mêmes convictions collectives qui ont amené OPLGO à proposer des aménagements pour le prélèvement obligatoire sur transfert de volumes contractuels opéré par Lactalis. Un gel avec réattribution de ces volumes quand le marché sera plus favorable au lieu d’un prélèvement, perte sèche sur les volumes contractuels de l’OP.
C’est en octobre que OPLGO a même proposé à Lactalis de mettre en place une compensation financière à la réduction volontaire des volumes au sein de OPLGO. Le refus de l’entreprise n’a pas empêché OPLGO de rencontrer à Bruxelles des représentants de la commission prêts à accorder leur confiance à des producteurs européens capable de s’organiser collectivement pour une réduction volontaire et temporaire de la production. Sauver un maximum de producteurs avec des outils tels que l’article 222 ne vaut-il pas mieux que la course à l’échalote dont font preuve les producteurs européens, y compris les français, qui continuent de produire à perte afin de sauvegarder les marchés de leurs industriels. Pour s’assoir sur une aide financière quasi-immédiate, un faut un sacré sens de la loyauté !
Contexte exceptionnel, outil exceptionnel : l’article 222 en est un, qui, impulsé par les producteurs eux-mêmes, pourrait pousser les industriels (tous) à admettre qu’ils gagnent plus d’argent avec un lait à bas prix même en sur-production !
Voici les valeurs de OPLGO : le partenariat avec l’entreprise n’a de valeur que s’il est gagnant-gagnant : entendez par là qu’il profite à Tous les producteurs, qu’ils puissent vivre dignement de leur métier. Les OP ne survivront qu’à cette condition. La confiance de leurs adhérents.